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Photo du rédacteurMarine Hortemel

Quand nos biais cognitifs nous empêchent de passer à l'action

Dernière mise à jour : 21 juil. 2023

Je réfléchis depuis un certain temps à la façon dont je pourrais aborder le sujet complexe des biais cognitifs, particulièrement en lien avec les défis du développement durable. Après une période d'introspection estivale, j'ai finalement réussi à éclaircir mes idées. Aujourd'hui, je suis ravie de vous partager cet article qui explore les biais cognitifs - un phénomène universel qui nous affecte tous - et comment ils façonnent notre comportement face aux défis pressants du développement durable auxquels nous devons tous faire face.


Les biais cognitifs - Moment of Impact - Certification B Corp

C'est quoi les biais cognitifs ?


Les biais cognitifs sont des erreurs systématiques de pensée qui peuvent affecter les jugements et les décisions que nous prenons. Ils sont le résultat de notre cerveau qui tente de simplifier l'information de traitement.


Bien que ces raccourcis mentaux soient souvent utiles pour nous aider à naviguer dans un monde complexe, ils peuvent aussi nous conduire à des erreurs d'évaluation, de perception, de mémoire ou de logique.


Le terme de biais cognitif a été introduit au début des années 1970 par les psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky pour expliquer certaines tendances vers des décisions irrationnelles dans le domaine économique.


Un biais cognitif est un schéma de pensée trompeur et faussement logique. Cette forme de pensée permet à l’individu de porter un jugement, ou de prendre une décision rapidement.


Dans nos processus décisionnels, deux entités parallèles et concurrentes entrent en jeu :

  • Le système automatique : c’est la partie du cerveau qui nous permet de prendre des décisions rapidement mais inconsciemment grâce à des raccourcis cognitifs (ces fameux biais cognitifs) afin de minimiser l’utilisation d’énergie (notre cerveau est paresseux). 95% de nos prises de décisions quotidiennes sont traitées par lui et il peut, parfois, faire des conclusions faussement logiques, induites par des biais cognitifs, nous conduisant à adopter de mauvais comportements ou prendre de mauvaises décisions.

  • Le système adaptatif : heureusement, cette entité consciente, mais plus lente, nous permet de rectifier le tir et de nous adapter en analysant, en prenant du recul ou en soupesant les termes d’une décision. Il nécessite beaucoup de ressources d'attention et ne peut donc pas être utilisé sur une longue durée car il génère beaucoup de fatigue.

Les biais cognitifs influencent nos choix, en particulier lorsqu’il faut gérer une quantité d’informations importantes ou que le temps est limité. Il se produit ainsi une forme de dysfonctionnement dans le raisonnement. Le risque de décision erronée devient alors important.


Ce mécanisme est systématique. Autrement dit, pour un individu donné, telle situation entraînera tel biais cognitif. Toutefois, en être conscient permet à l’être humain d’exercer son libre arbitre.


Personne n’est à l’abri des biais cognitifs, lesquels sont la plupart du temps inconscients.


«Ils agissent en quelque sorte comme des automatismes et peuvent être liés à des émotions – peur, colère, anxiété – ou à des habitudes de pensée acquises depuis longtemps, observe Cloé Gratton.

Ils surviennent, notamment, dans des contextes où l’on doit prendre une décision ou porter un jugement rapidement et viennent aussi combler des besoins inhérents aux individus : besoin de sécurité, d’estime de soi, d’appartenance sociale.


Les biais cognitifs - plus de 250 - sont recensés dans l'index ci-dessous. Nous sommes toutes et tous persuadé.e.s de prendre nos décisions de manière rationnelle aboutissant à un comportement conforme à nos intérêts, mais en vérité, c’est plus compliqué que cela ! Les biais cognitifs ont un réel impact dans la mise en place de sociétés inclusives, équitables et régénératives.


Codex biais cognitifs - Moment of Impact - Certification B Corp


Les biais cognitifs : quelle responsabilité dans l'inaction face à l'urgence climatique ?


Malgré un consensus scientifique sur la réalité et la gravité du changement climatique, le grand public, les politiques et les entreprises ne montrent pas d’intérêt particulier pour passer aux actes. Cette résistance se retrouve aussi dans tous les domaines environnementaux : la maîtrise de l’énergie, la propreté des lieux publics, le recyclage et le tri, l’utilisation de pesticides, la protection des populations face aux catastrophes naturelles et majeures, les risques environnementaux émergents, les modes de vie à faible émission de carbone. Au-delà des barrières et freins au changement environnemental déjà connus, quelques mécanismes permettent de mieux comprendre cette résistance chez le grand public :



Biais cognitifs inaction climatique

En mars 2020, l’université de Cambridge a mis en exergue les 12 discours retardant l’action climatique, perçus comme les 12 excuses habituelles qui justifient l’inaction climatique.


En d’autres termes, oui, le changement climatique est un problème, mais il y a toujours une bonne excuse pour ne rien faire. Cet article doit donc permettre d’identifier un discours de climate delay et d’être ensuite capable de le réfuter.


Voici quelques exemples de réponses que vous pouvez apporter en fonction des arguments présentés par vos interlocuteurs :


Excuse Doomisme – Catastrophisme

Argument : ‘C’est trop tard, ça sera jamais assez.’

Réponse : Même si ce discours d’effondrement a beaucoup d’écho, à l’instar d’Yves Cochet en France par exemple, il est faux. Faux de dire que nous sommes déjà condamnés. Faux de dire que des milliards d’individus vont mourir. Pourquoi ? Parce que le GIEC le dit : nous avons encore le temps de faire les changements nécessaires pour vivre dans un monde soutenable. Valérie Masson Delmotte l’a répété lors de son discours devant la Convention Citoyenne pour le climat : chaque mois compte. Mais cela ne veut en aucun cas dire que c'est trop tard. C’est avant tout un problème d’inertie politique et sociétale (une transition abrupte aurait évidemment des conséquences), avant d’être un problème d’inertie physique.

Il est bien sûr trop tard pour empêcher qu’il y ait des dégâts (sociaux, environnementaux..). Mais rien ne sert d’avoir un discours qui exagère ce que la science nous dit sur le climat (même si cela fait vendre…). Ainsi, évitons le doomisme, ce comportement qui consiste à regarder sa cuisine s’enflammer et dire ‘on peut rien faire c’est foutu’ pendant que le feu se propage aux autres pièces. Enfin, il n’y a pas de deadline. Oui, c’était mieux d’agir il y a 20 ou 30 ans. Mais ce n’est pas parce que nous n’avons pas agi en 2025 ni même en 2030 que tout est foutu. L’idée, c’est que plus nous agissons tard, plus cela sera catastrophique (avec de belles boucles de rétroactions qui viendront aider cela).


Excuse l’individualisme


Argument : La responsabilité incombe à quelqu’un d’autre’. ‘Le changement viendra uniquement des individus.


Réponse : There is no such thing as society. Merci Margaret, mais non merci. On ne peut pas demander uniquement aux individus de résoudre un problème systémique. Ce sujet a déjà été évoqué dans la responsabilité des émissions de Total. Qui est responsable des émissions : Total, ou celui qui roule toute la nuit avec l’essence ? Si nous prenons en compte le scope 3 du Greenhouse Gas Protocol pour que les organisations puissent calculer leurs GES, le responsable est bien Total, et non le citoyen. Vous pourriez également souligner que la présence de 30000 lobbyistes représentants d’intérêt qui gravitent à Bruxelles n’est pas un hasard (tout comme les milliards investis en communication pour pousser les individus à la consommation). Si nous devions nuancer, bien sûr que le citoyen a son rôle à jouer. Il peut voter avec son argent, boycotter certaines entreprises, faire sa part comme nous l’indique Carbone 4. Mais il ne faut surtout pas oublier que la majorité du poids de la responsabilité est bien du côté des politiques et des entreprises.




Les biais cognitifs : changer les systèmes pour soutenir les changements individuels


Alors, comment faire pour sortir du mode automatique qui nous maintient dans des comportements qui ne sont pas constructifs au regard des enjeux qui sont les nôtres ?


L’ANC (approche Neurocognitive et Comportementale) propose différents outils, mais le plus puissant reste de mobiliser davantage notre cortex préfrontal (à l’avant du cerveau), là où se situe le mode mental adaptatif, en cultivant les 6 dimensions du mode mental adaptatif :

  • Être curieux (par opposition à la routine)

  • Être souple (par opposition à la persévérance)

  • Cultiver une vision nuancée (par opposition à la certitude)

  • Savoir être relatif (par opposition à la simplification)

  • Être dans la réflexion (par opposition à l’empirisme)

  • Développer son opinion personnelle (par opposition à l’image sociale).


C'est rigolo, ce sont exactement les qualités que des pratiques de pleine conscience que la méditation et le yoga nous permettent de développer ;-)


Un autre point essentiel est celui du rapport entre l'individu et les systèmes dans lesquels il évolue (on en parlait déjà un peu plus haut).


Les systèmes ont un rôle très important pour aider les individus à prendre conscience de leurs biais cognitifs et les aider à changer activement leurs comportements.


Prenons un exemple concret : vous décidez de devenir végétarien et cherchez un restaurant adéquat. Le premier restaurant végétarien que vous trouvez est à 10km alors que vous avez 4 Mcdos à moins de 300m de chez vous.


Si le système ne vous permet pas d'accéder facilement à de nouvelles alternatives - alternatives qui doivent accessoirement devenir notre norme d'ici 2050 - alors ce sera beaucoup plus dur pour vous de devenir végétarien.


Cet exemple est essentiel pour nous permettre de comprendre à quel point l'individu et les systèmes dans lesquels il évolue sont liés : l'un ne fonctionne pas sans l'autre.


Cet exemple nous permet de comprendre à quel point nos entreprises et politiques ont un rôle essentiel à jouer dans la mise en place de systèmes durables et responsables, qui incitent concrètement les individus à adopter des pratiques durables et responsables (ce qui ne doit pas empêcher les individus de se prendre en main et de se responsabiliser au regard des objectifs du développement durable).


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Chaque système conditionne les biais dans lesquels les humains vont évoluer. Après tout, pourquoi je changerai si de toute manière le système qui m'entoure ne soutient ni ne valorise ce changement ? Nous avons une responsabilité systémique de donner une chance à notre cerveau d'agir. Pour aller plus loin dans la démarche d'impact durable de votre entreprise grâce à la Certification B Corp, contactez-moi !


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